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  • 标题:Pacifications et réconciliations. Quelques réflexions sur les transitions immorales
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  • 作者:John Crowley
  • 期刊名称:cultures & conflits
  • 印刷版ISSN:1777-5345
  • 出版年度:2001
  • 期号:41
  • 出版社:L'Harmattan
  • 摘要:Les sorties de conflit passent souvent par des compromis douteux. Comme j’ai essayé de le mon-trer dans l’introduction à ces deux numéros, ce constat empirique banal soulève des questions à la fois socio-logiques et normatives d’un grand intérêt. Dans cet article, je vou-drais me concentrer sur un point essentiel : le rapport entre la justification et la stabilité des ar-ran-ge-ments politico-institutionnels, avec un accent particulier sur ceux qui mettent fin à des guerres intestines. En retenant les définitions proposées en introduction, la question devient : la pa-ci-fi-ca-tion exige-t-elle la réconciliation ? La réponse « oui » est, semble-t-il, la plus fréquente : pas de paix du-ra-ble, dira-t-on, sans justice. En outre, cette réponse n’est pas seulement mora-le-ment satis-fai-sante. On peut bien sûr souhaiter, comme observateur impartial mais bien-veil-lant, que les ty-rans gé-no-cidaires soient jugés, les dis-tor-sions de l’histoire corrigées, les vic-times reconnues et dédommagées. Mais après tout, ces souhaits, en tant que tels, ne pèsent pas lourd. Que la pa-cification exige la réconciliation paraît, surtout, socio-logiquement attesté à la lumière des thé-ories contemporaines de la justice. Un ordre politique et social est stable, dira-t-on, pour au-tant qu’il est accepté – légitime au sens empirique de Max Weber. Or, un ordre générale-ment accepté est, par définition, juste. Donc, justice et stabilité se confondent. Ce syllogisme résume un peu brutalement la pensée d’un Rawls ou d’un Habermas, mais je ne pense pas qu’il la trahisse fondamentalement. Or, il présente au moins deux failles évidentes. Tout d’a-bord, le rapport entre acceptation et stabilité doit nécessairement tenir compte des ca-pa-cités dif-férentielles de nuisance. Sans doute un ordre est-il stable s’il est accepté par tous ceux qui auraient les moyens de le remettre en cause. Mais il peut survivre à son rejet nor-ma-tif par des ac-teurs privés de ressources. Le caractère formel, et à la limite vide, de ces thé-o-rèmes n’est que celui de l’équation entre justice et stabilité, qui en l’absence d’une so-ci-o-lo-gie adé-quate des ressources politiques n’a guère de sens. Ensuite, comme Habermas et Rawls le sa-vent fort bien, le rapport entre justice et acceptation effective est très complexe. Le fonde-ment de la jus-tice, selon eux, est la possibilité d’une justification dans une position idéale d’im-par-ti-a-li-té ; rien n’empêche, en principe, un ordre accepté d’être profondément injuste. On en con-clu-rait, de ma-ni-ère assez plausible, que, loin de s’impliquer mutuellement, la pacification et la réconciliation sont, au moins dans la courte durée de l’action politique, strictement disjointes. Assez lo-gi-quement, une perspective externe sur les droits de l’homme peut alors venir arrimer la pacification à la justice, faute de fondement interne cohérent1. Se retrouver ainsi au carrefour de deux impasses est pour le moins insatisfaisant. Mon objectif ici est d’articuler pacification et réconciliation, au lieu de les confondre ou de les renvoyer à des registres incommensurables. Pour ce faire, il faut analyser à la fois ce qui, dans la sortie de la guerre intestine, est porteur d’éléments de réconciliation et ce qui y fait obstacle. A-fin de clarifier ce débat, je le porterai délibérément à sa limite, en insistant sur les formes d’i-ni-mitié intestines les plus radicales, celles qui semblent interdire par avance toute pacification autre qu’une victoire intégrale, et donc écarter d’emblée l’idée même de réconciliation. C’est à ce titre que la fi-gure étran-ge et paradoxale de l’« ennemi intérieur » me servira ici de point d’ap-pui privilégié. Ce qui est paradoxal, en effet, c’est que la désignation de l’« ennemi intérieur » met en scène sa re-con-naissance – dans tous les sens du terme – tout en l’interdisant. La re-connaissance de l’en-ne-mi comme interlocuteur est au cœur de tout processus de paix négocié ; la négociation avec l’« ennemi intérieur » suppose donc d’en suspendre la désignation, ce qui est bien une manière, faussement paradoxale, de méconnaître pour reconnaître. Une telle dynamique de re-con-nais-sance peut sembler très proche d’une logique de réconciliation. Sans doute en ouvre-t-elle l’es-pace. Mais elle ne l’impose pas, et à certains égards ne la facilite pas. De manière très explicite, en effet, elle fonde la paix sur un certain équilibre de la guerre que, dès lors, elle peut dif-fi-ci-le-ment remettre en cause2. Ses préconditions sociologiques lui assignent, en d’autres termes, des limites morales parfois très étroites. Les frontières entre la violence extra-légale qui fonde et la violence légale qui préserve ne cessent de se recomposer et de se brouiller3. C’est donc, ici, la notion de reconnaissance, dans toute sa complexité, qui me servira de point d’articula-tion privilégié entre pacification et réconciliation. La figure de l’« ennemi intérieur » Toute guerre, tout conflit, tout rapport d’antagonisme peuvent prendre fin. Les raisons pos-sibles sont fort diverses ; les modalités aussi. Ainsi, un cessez-le-feu, aussi durable soit-il, n’est pas exactement la même chose qu’une paix qui prétend régler les enjeux sous-jacents du con-flit. Quant à la « réconciliation », elle est une forme tout à fait particulière de la paix : elle n’est évidemment pas fréquente ; mais sans doute n’est-elle pas davantage exemplaire. Elle suppose, pour en re-te-nir une caractérisation générique, que le conflit antérieur fonde l’entente ulté-ri-eure ; elle sug-gère donc une cessation des hostilités qui ait une dimension morale, et non sim-ple-ment pragma-tique. La fin d’une grève passe par le règlement d’un con-flit : elle n’exige pas la ré-con-ci-li-a-tion du syndicat et du patron. L’« hostilité relative », qui caractérise – si l’on suit la ver-sion idéalisée de l’étatisme westphalien défendue par, entre autres, Carl Schmitt4 – la guerre interétatique sous le régime du droit des gens classique, est par essence temporaire. Mais le traité de paix qui y met fin, quelque litige qu’il règle, ne suppose aucune « ré-con-ci-li-a-tion » ; l’image même du conflit que véhicule la con-cep-tion westphalienne rend une telle idée incongrue. On peut se faire la guerre, comme on peut faire la grève, sans être « fâchés ».
  • 关键词:Théorie politique; sortie de conflits; gestion de conflits
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