摘要:Au cours du XXe siècle, le sport a régulièrement servi les partisans de l’ordre et les régimes autoritaires dans leur projet d’endoctrinement et d’encadrement des masses (Arnaud et Riordan, 1998). L’Italie fasciste et l’Allemagne nazie témoignent de cette instrumentalisation du sport à des fins idéologiques et propagandistes (Bolz, 2008). Ce processus est également repérable dans la France du Gouvernement de Vichy (Paxton, 1972 ; Baruch, 1996 ; Azéma et Wieviorka, 2002), un état « national, autoritaire, hiérarchique »[ii]. Au lendemain de la défaite militaire de juin 1940, la France plonge dans une crise d'identité nationale qui la précipite dans le chaos. Le pays s’en remet alors au maréchal Philippe Pétain, présent dans le gouvernement depuis mai 1940. Le mythe du Sauveur, de l’homme providentiel[iii], prend corps par le vote du 10 juillet 1940 qui donne au vieux héros de Verdun les pleins pouvoirs. L’exécutif et le législatif entre ses mains, Pétain nomme et révoque les ministres et les secrétaires d’Etat, promulgue les lois et assure leur exécution. Si cette personnalisation du régime (« Pétain c’est la France, la France c’est Pétain »[iv]) s'apparente à celle mise en œuvre dans les régimes fascistes, Vichy se définit comme un régime autoritaire et charismatique, c'est à dire comme la rencontre d'un individu doté de vertus singulières et les attentes de la masse (Weber, 1919 ; Dorna, 2008). Cet autoritarisme, qui glisse vers le totalitarisme au fil de ces années noires, s’exerce dans tous les secteurs de la société et sous différentes facettes : une économie dirigée (corporatisme, Charte du Travail), une politique de maintien de l’ordre extrêmement répressive, une politique xénophobe et antisémite, une jeunesse mise au pas, un culte exacerbé du Maréchal. Fondé sur le triptyque "Travail, Famille, Patrie"[v], le régime pétainiste proclame la renaissance de la France éternelle.