摘要:L’historien Otto Hintze et le sociologue Max Weber s’opposent tellement, tant par leur œuvre scientifique, leur orientation politique que leur personnalité, qu’à première vue, il semble qu’il y ait peu à attendre d’une comparaison entre l’un et l’autre. Leur formation comme leur activité professionnelle les rattachaient à des domaines scientifiques différents. Toutefois, leurs écrits respectifs ont démontré que la sociologie et la science historique « se recouvrent largement »2, pour reprendre l’expression de Hintze. Aussi impressionnante de par son amplitude que puisse apparaître l’œuvre historico-comparative de Hintze aux historiens, le plus souvent habitués à une spécialisation plus étroite, elle n’en reste pas moins en retrait par rapport aux travaux de Max Weber, tant du point de vue de la largeur de vue que de l’universalité. Il est vrai que ces deux érudits, nés en 1861 et 1864, appartenaient tous deux à une génération pour laquelle l’unification de l’Empire constituait à la fois un souvenir d’enfance et un passé glorieux. Weber, disparu en 1920, survécut cependant à peine à l’Empire qui l’avait marqué si profondément. De son côté, Hintze, dont la vie fut à peu près aussi intensément mêlée à la société et à la politique de l’Empire que celle de Weber, eut encore le temps de connaître une nouvelle période de création, au cours de laquelle il tenta de surmonter l’expérience de la défaite et du changement de régime de 1918-1919, qui l’avait fortement affecté ; il publia jusqu’en 1933 et mourut en 19403.