摘要:En Am. III, 1, Nason, en quête d’inspiration, est abordé par deux femmes qui se disputent sa faveur. L’une, ombrageuse beauté, est la Tragédie, qui se voit poliment écartée. La seconde, parée des grâces de Vénus, sait se montrer persuasive. On l’aura deviné, c’est l’Élégie. L’objet de la recherche que je poursuis actuellement est de définir dans le corpus des œuvres érotiques d’Ovide les relations que le poète entretient avec ce genre, que nous nommons « l’élégie érotique romaine ». Si l’on s’en tient à la fameuse déclaration de Tr. IV, 10, il a pris forme dans la continuité intertextuelle que réalise l’œuvre de trois poètes : Gallus, le fondateur, à sa suite Tibulle, puis Properce, qu’un lien d’amitié littéraire unit à son cadet. Quatrième venu (Quartus ab his serie temporis ipse fui, v. 54), Ovide adopte, avec le mètre élégiaque, le matériau thématique mis en œuvre par ses prédécesseurs. Il opère de façon si ostentatoire et si démonstrative – on peut en juger par le récit qu’il donne de la détermination de sa carrière poétique dans la première pièce des Amours – que les épisodes amoureux relatés dans ce recueil où, sous le nom de Nason, il assume le rôle de poète-amant, apparaissent, au détriment de la vraisemblance autobiographique, largement inspirés par la volonté de mettre en scène les normes du genre. Le recueil des Amours s’élabore ainsi dans un dialogue permanent avec les textes de la jeune tradition élégiaque. Ovide explore la sphère générique que dessine à ses yeux le corpus mentionné, et sa propre création réfléchit ironiquement la normativité qui la gouverne.