Cet article sera consacré à la façon dont Ovide est intervenu dans le ‘dialogue’ qu’avaient eu, à propos de l’héritage troyen, Virgile et Horace, d’accord l’un et l’autre pour en refuser la plus grande partie. Se focalisant sur le personnage de Pâris, Ovide exploite un motif rendu célèbre par Gallus : celui des amours heureuses sur les pentes de l’Ida du fils de Priam, tenu alors pour un simple berger, et de la nymphe Œnone. Il fait de cette période de la vie de Pâris l’emblème du bonheur en amour, qu’il n’associe pas seulement, comme Gallus, au monde pastoral, mais aussi à l’univers élégiaque. S’intéressant ensuite à la seconde partie de la vie de Pâris, amorcée par le Jugement des déesses, Ovide voit de nouveau en lui un exemplum. Il fait de celui qui choisit Vénus un modèle pour l’amant élégiaque, en même temps que le promoteur d’un genre de vie, qu’il assimile à celui de la Rome de son temps, implicitement célébrée comme une nouvelle, riche et puissante Troie. Sa réévaluation positive de la luxuria s’accompagne d’une affirmation de la uirtus de Pâris. Cette double perspective trouvera une postérité inattendue chez Néron, qui la reprend dans ses Troica et la met en scène dans la Domus Aurea avec le projet explicite de réconcilier enfin Rome avec la totalité de son passé troyen.