摘要:La légitimation des pratiques de vengeance dans l’Italie communale La ville communale italienne entre les XII e et XII e siècles offre un exemple significatif du caractère central des pratiques du conflit dans la culture et le langage politiques. En particulier, la vengeance y était élaborée par les acteurs sociaux dans un contexte culturel dont les valeurs, les normes et les discours exprimaient pleinement les « conceptual boundaries » sur lesquels Isabel Alfonso a appelé l’attention dans sa présentation de ce séminaire. Cette intervention sera centrée sur trois aspects liés entre eux : la diffusion sociale des pratiques de vengeance ; leur légitimation culturelle, politique et juridique ; et les modèles culturels qui se rapportent au thème de la paix. La documentation communale montre comment les pratiques du conflit se diffusèrent au sein de divers groupes communaux. Contrairement à ce que certaines recherches récentes continuent de soutenir, la culture de la vengeance ne fut pas un mode de vie typique de la noblesse urbaine, mais elle était pratiquée par des individus ou des groupes familiaux qui pouvaient assumer son coût matériel et symbolique, ainsi que ses conséquences sociales et politiques. L’analyse des chroniques citadines – qui sont dans une large mesure l’œuvre de notaires et d’hommes d’Église – est particulièrement significative parce qu’elles offrent un représentation variée de la réalité sociale : en effet, les milites et les magnates y sont représentés en termes négatifs parce qu’ils apparaissent associés à un mode de vie violent et responsables des divisions politiques, alors que les vengeances des familles « populaires » sont à peine mentionnées. En effet, le discours public sur la vengeance était complexe et ambivalent. Malgré l’élaboration de représentations sociales négatives, le modèle culturel de fond était celui de la légitimation. Nous pouvons tâcher de travailler au moins à trois niveaux : sur le plan politique, ceux qui pratiquaient habituellement la vendetta et le conflit étaient les membres des organes du gouvernement communal eux-mêmes ; sur le plan juridique, la vengeance n’était pas interdite de fait (dans de très nombreuses villes, les statuts communaux ne la régulaient même pas, tandis que dans d’autres ils se limitaient à cette régulation) ; sur le plan culturel, et pas seulement dans la littérature morale et poétique, la vengeance se construisait en termes positifs, comme le montrent les recueils de conseils et de proverbes, ou encore la pratique déshonorante qui consistait à insulter publiquement celui qui avait renoncé à se venger. La diffusion sociale et la légitimation de la vengeance invitent à reconsidérer le modèle historiographique qui, récemment encore, veut décrire les communes italiennes comme un laboratoire du « républicanisme » politique occidental. Elles le furent certainement, mais conjointement à l’univers des vertus civiques existait aussi un espace non négligeable dévolu aux valeurs de l’honneur. Dans cette optique, on peut affirmer que le discours politique avait un sens divers lui aussi lorsqu’il s’élaborait autour du « bien commun », de la « concorde » ou de la « paix », lexique qui ne semble pas absolu ni partagé, mais qui constitue plutôt un enjeu revendiqué par les diverses parties. La recherche de trêves et d’accords, l’établissement de la paix (qui est aussi rituel) entre les acteurs du conflit faisaient aussi partie intégrante de la faida . La pensée théologique et politique sur la paix, les mesures de pacification prises par les autorités communales, les grands accords de paix publique interagirent constamment avec la culture, les langages et les pratiques de la vengeance.