出版社:Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Paris
摘要:Bien qu’elle représente l’un des arcanes les plus profonds de la tradition tibétaine toute entière, la notion de Corps d’Arc-enciel (‘ja’ lus) est devenue une sorte de banalité dans certains cercles occidentaux, au point qu’elle a donné lieu à de très nombreuses méprises et à des idées fausses extrêmement tenaces. Si certaines de ces erreurs ne sont aucunement des surprises dans les diverses branches du New Age, errements découlant d’amalgames successifs qui dénaturent les traditions combinées les unes aux autres1, les Tibétains euxmêmes ne sont pas forcément étrangers aux raccourcis rapides et faciles qui altèrent la réalité d’un phénomène aussi précis de libération manifeste. Néanmoins, si cette altération est relativement fréquente chez des maîtres en contact quasi constant avec des occidentaux, elle est rejetée avec des arguments très intéressants par la plupart des patriarches actuels des traditions bon po et rnying ma pa de la Grande Perfection2. Pour les détenteurs de ces lignées, il est en effet important d’éviter les amalgames au sein de la tradition elle-même, afin de lui conserver les principes d’authenticité et de canonicité indispensables à la pérennité des enseignements eux-mêmes. D’une manière assez simpliste, l’amalgame consiste à mettre en équivalence le Corps de Lumière (‘od lus) ou Corps illusoire (sgyu lus) en tant que Fruit de la pratique des Tantras et le Corps d’Arc-en-ciel (‘ja’ lus) ou Corps de Lumière (‘od lus, même terme) en tant que signe indiquant la réalisation du Corps de Perfection (rdzogs sku) dans la pratique Dzogchen3.