Nous nous proposons d’étudier l’impact que le sentiment anti-immigration de certains électeurs est susceptible d’avoir sur les propositions des partis en matière de politique économique. Par exemple, si la pauvreté est perçue comme un phénomène frappant essentiellement certains groupes culturels, une certaine hostilité vis-à-vis de ces groupes, minant la notion de solidarité nationale, peut induire les gens à souhaiter globalement moins de redistribution. Par ailleurs, elle peut pousser des électeurs favorables à ne redistribution des richesses importante (votant traditionnellement pour des partis de gauche) mais relativement intolérants, à reporter leur voix vers des partis plus conservateurs, diminuant ainsi les chances que des politiques de redistribution soient mises en place. Nous modélisons la compétition électorale comme ayant lieu entre trois tendances (la Gauche, la Droite et l’Extrême-Droite) et portant essentiellement sur deux dimensions (la taille du secteur public et l’immigration). Nous « calibrons » le modèle en utilisant des données d’enquêtes menées durant les années d’élections présidentielles 1988 et 2002, et concluons que l’influence des questions liées à l’immigration sur la taille du secteur public est loin d’être négligeable.
We study the effect of anti-immigrant sentiments among voters on the equilibrium position of political parties on the economic issue. We model political competition as taking place among three parties (Left, Right, and Extreme Right) on a two-dimensional policy space (economic issue, immigration issue) using an extension of the Party Unanimity Nash Equilibrium concept. We “calibrate” the model to French survey data for the election years 1988 and 2002, and show that the immigration issue influences equilibrium on the economic issue in a significant way.