摘要:Quand en 1952 John Cage présentait sa célèbre pièce 4’33’’, un jeune “soi-disant cinéaste” essayait quelque chose de semblable dans un petit ciné-club à Paris. Guy-Ernest Debord, membre de l’avant-garde lettriste, y projetait son premier film, Hurlements en faveur de Sade. Le film sans images était composé entièrement d’écrans noirs et blancs accompagnés d’une bande sonore. Alors que Cage produisait par son silence musical la libération du son ambiant, Debord plongeait son public dans l’indétermination d’un noir silencieux de 24 minutes, brisant irrémédiablement leur passivité de spectateurs. Sans prendre connaissance l’un de l’action de l’autre, tous les deux révélaient à la même époque que l’événement artistique était la combinaison d’une unité spatiale (la salle de concert ou de cinéma) et temporelle (4’33’’ ou 24’). En affirmant une telle unité, leur geste avait pour conséquence la dissolution de la séparation entre l’artiste et le public; étant tous également affectés par ce qui arrivait dans cette salle pendant ce temps, on était tous protagonistes d’un même événement.