La parution de Par-delà la révolution copernicienne, premier volume de ce qui s’annonce comme un imposant triptyque1, offre à la fois une clarification et un prolongement inédits du programme husserlien d’une phénoménologie transcendantale. Quoique le titre de l’ouvrage puisse le laisser supposer un bref instant, il n’entre aucunement dans les intentions de Dominique Pradelle de revenir à une position réaliste — « ptolémaïque » —, en deçà du geste copernicien opéré par Kant en 1781 dans la Kritik der reinen Vernunft. Au contraire, D.P. se propose de prolonger l’effort kantien consistant à fonder les structures a priori de l’objet apparaissant sur les structures invariantes du sujet connaissant (interprétation heideggérienne) ou sur les exigences subjectives de validité objective de la connaissance (interprétation marbourgeoise), en l’intensifiant par la critique husserlienne qui vise à soustraire la conscience pure de la règle de la chose mondaine et à empêcher son identification à un substrat dont les facultés seraient les propriétés. À travers une série de discussions serrées entre Kant, Husserl et leurs interprètes (Heidegger, Cavaillès et les différentes écoles néokantiennes), D.P. parvient à dégager les linéaments d’une phénoménologie transcendantale qui ne soit plus menacée par les risques d’une anthropologisation ou d’une psychologisation du Je transcendantal et de ses facultés (sensibilité, imagination, entendement, raison). Il pose alors dans toute son acuité le problème de la nature du transcendantal.