Pour interroger les effets de la répression sur l’engagement, cet article analyse un type de trajectoire militante ‘post-répression’ : d’anciens militants de gauche devenus, après 1980, cadres alévistes. L’originalité de ces trajectoires est leur caractère ‘médian’ : ni désengagement, ni radicalisation mais réengagement, pour d’autres causes et sous d’autres formes moins contestataires, impliquant de multiples reconversions. La répression de 1980 a eu des conséquences sur les trajectoires individuelles – avec ceci de particulier qu’elle n’a ici pas remis en cause l’accumulation de ressources dans d’autres sphères, en particulier professionnelle. Mais elle a également eu des conséquences sur l’évolution de l’offre politique, les contraintes de l’action collective et les conditions de militance, autant de facteurs qui ont contraint les formes de reconversion de savoir-faire et de valeurs précédemment acquises. Cette carrière-type permet ainsi de cerner certains ‘effets productifs’ de la répression sur les modalités de l’action militante.